Il fut un temps où régnait Gradlon, roi de Cornouaille. Marin hors pair, il commandait à une immense flotte qu’il aimait opposé aux royaumes lointains du nord. Habile stratège, il emportait presque toujours la victoire, pillant le butin transporté par les navires vaincus. Tout cela aurait pu durer bien longtemps… si les marins, lasses de combattre dans ces terres gelées ne s’étaient pas révoltés. Répondant à leurs attentes, le roi Gradlon les laissa repartir en Bretagne afin de retrouver femmes et enfants, restant seul face au château qu’il convoitait. Pendant la nuit, il fut rejoint par une femme aux longs cheveux roux, Malgven, Reine du Nord. Cette dernière s’adressa à lui en ces termes : <o:p></o:p>

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« Je te connais, tu es courageux et adroit au combat. Mon mari est vieux, son épée est rouillée. Toi et moi allons le tuer. Ensuite, tu m'emmèneras dans ton pays de Cornouaille. »<o:p></o:p>

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C’est ce qu’ils firent avant de quitter les lieux sur le dos de Morvarc’h, un cheval magique d’un noir de jais soufflant du feu par les naseaux. Ils rattrapèrent la flotte fuyant et regagnèrent la Cornouaille laissant les navires aux prises avec une tempête dévastatrice…<o:p></o:p>

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Ils passèrent une année sur la mer au cours de laquelle la Reine mourut en mettant au monde une petite fille, Dahut. Dès lors, Gradlon ne quitta plus son château, en proie au chagrin. Sa seule compensation restait sa fille, plus belle de jour en jour. La jeune fille aimait passer son temps au bord de la mer qu’elle affectionnait particulièrement… A un point qu’un jour, elle demanda à son père de lui faire bâtir une ville au bord des flots. Comme le Roi adorait sa fille, il accepta. Et c’est ainsi que la ville jaillit des eaux, protégée par une immense digue à la porte unique. Seul le Roi possédait la clé qui en offrait l’accès. Cette ville s’appelait Ys.<o:p></o:p>

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Dahut passait beaucoup de temps à chanter sur la plage. Ses paroles étaient destinées à ce qu’elle chérissait par-dessus tout.<o:p></o:p>

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« Océan, bel Océan bleu, roule moi sur le sable, je suis ta fiancée, Océan, bel Océan bleu. Je suis née sur la mer, dans les vagues et l’écume, quand j’étais enfant je jouais avec toi. Océan, bel Océan bleu, roule moi sur le sable, je suis ta fiancée, Océan, bel Océan bleu. Océan, toi qui retourne comme tu le veux bateaux et hommes, donne moi les navires somptueux des naufrages et leurs richesses, or et trésors. Fais venir dans ma ville de beaux marins que je pourrai regarder. Ne sois pas jaloux, je te les rendrai l’un après l’autre. Océan, bel Océan bleu, roule moi sur le sable, je suis ta fiancée, Océan, bel Océan bleu. » <o:p></o:p>

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A partir de ce jour, Ys devint un lieu de plaisir et de joie, peuplé de marins vivant au rythme des festins, des danses et autres jeux. Chaque jour, Dahut prenait un nouveau fiancé, lui offrant un masque noir. Ils passaient la nuit ensemble et au matin, lorsque le chant de l’alouette sortait de la brume, le masque étouffait le malheureux jeune homme, dont le corps finissait au fond de l’Océan.<o:p></o:p>

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Un jour de printemps, un étrange chevalier à l’armure rouge arriva à Ys. Un soir, il accepta de rejoindre Dahut alors que jusque là, il ne semblait pas l’avoir remarqué. Et, alors que l’orage éclatait furieusement, il poussa la princesse à chercher la clé qui pendait au cou de son père endormi… Elle parvint à le faire et la donna au chevalier qui n’était autre que Satan. Ce dernier s’empressa d’ouvrir les portes de la ville, ce qui permit aux vagues de franchir les digues. Ensemble, Dahut et son père quittèrent Ys sur le dos de Morvarc’h, fuyant au travers de l’Océan déchaîné. Du cœur des vagues sortit alors une voix lugubre : <o:p></o:p>

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« Gradlon, lâche la princesse ! »<o:p></o:p>

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Cette voix était celle de Saint Guenole, un envoyé divin qui cherchait à pousser le Roi à plonger sa fille dans l’Océan. Ce qu’il finit par faire… C’est le moment ou Ys fut engloutie sous les vagues. Gradlon parvint à regagner la terre et atteignit la ville de Quimper dont il fit sa nouvelle capitale. Il y vécut heureux le restant de ses jours. Aujourd’hui encore on peut admirer la statue équestre du Roi élevée entre les deux flèches de la cathédrale Saint Corentin.<o:p></o:p>

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Selon la légende, après sa mort, la princesse Dahut devint une sirène. Les soirs de pleine Lune, elle apparaîtrait aux pêcheurs, peignant sa longue chevelure dorée en chantant : <o:p></o:p>

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Gwelas-te morverc'h, pesketour <o:p></o:p>

O kriban en bleo melen aour <o:p></o:p>

Dre an heol splann, e ribl an dour ? <o:p></o:p>

Gwelous a ris ar morverc'h venn, <o:p></o:p>

M'he c'hlevis o kanann zoken <o:p></o:p>

Klemvanus tonn ha kanaouenn. <o:p></o:p>

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As-tu vu, pêcheur, la fille de la mer, <o:p></o:p>

Peignant ses cheveux blonds dorés <o:p></o:p>

Au grand soleil sur le bord de l'eau ? <o:p></o:p>

J'ai vu la blanche fille de la mer, <o:p></o:p>

Je l'ai même entendu chanter, <o:p></o:p>

Plaintifs étaient l'air et la chanson. <o:p></o:p>

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On raconte aussi que, par temps calme, on peut entendre les cloches d’Ys sonner…<o:p></o:p>

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Le site où se serait élevée Ys est la baie de Douarnenez. On raconte aussi qu’Ys fut la plus belle capitale du monde et que c’est pour cette raison que Lutèce fut rebaptisée Paris, Par Ys signifiant en langue bretonne « Pareille à Ys ».<o:p></o:p>

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Pa vo beuzet Paris <o:p></o:p>

Ec'h adsavo Ker Is <o:p></o:p>

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Quand Paris sera engloutie<o:p></o:p>

Resurgira la ville d'Ys