• I
    maginez une île lointaine abritant un royaume composé de sept provinces... Imaginez un Trône de Fer aussi acéré que les 1000 épées qui le composent... Imaginez un roi trônant sur ce siège... Un roi mais aussi un usurpateur qui prit le pouvoir à son prédécesseur, un prince-dragon fou. Mais comme pour tout usurpateur, sa légitimité est mise en doute et attise toutes les convoitises. La cour grouille d'intriguants tandis que peu à peu le royaume s'enflamme pour des rois autoproclamés. Les Grandes Maisons entrent en guerre les unes contre les autres, faisant autant preuve de courage que de fourberie...


    Le Trône de Fer est un roman fantastique, de ce que l'on peut qualifier de low-fantasy. Il s'inspire grandement de l'Europe médiévale et présente un univers réaliste, mêlant très peu de mysticisme à l'histoire. Certes, on y trouve de la magie, des dieux exotiques prenant part à la vie des hommes et des créatures de légende, mais tout cela tient plus de la superstition que de la réalité.

    L'oeuvre présente de nombreux points forts :
    • La technique de narration est originale et peut dérouter au premier abord. En effet, si le récit se fait à la troisième personne, comme dans de nombreuses oeuvres fantastiques, l'auteur a placé chaque chapitre sous le point de vue d'un personnage différent. C'est une manière judicieuse de creuser véritablement les personnages en analysant différents aspects comme sa morale, sa manière de penser, ses désirs... Mais cette technique permet aussi de suivre l'intrigue dans tout un royaume en voyageant d'un personnage à un autre, survolant ainsi des centaines de kilomètres. Enfin, dernier point, on peut découvrir certains faits sous plusieurs points de vue, les explications variant grandement d'un narrateur à un autre, laissant au lecteur le choix de sa propre interpétation.
    • D'après ce qu'on vient de dire, on ne sera pas étonné de découvrir des personnages pleins de complexité. Les grands seigneurs possédant le pouvoir au sein du royaume y cotoient ainsi leurs enfants, ces derniers étant appelés à grandir bien plus vite que la normale quitte à assumer les fonctions de leurs aînés. On découvre ainsi non pas une, mais plusieurs histoires, réparties entre les intrigues politiques des uns et les quêtes initiatiques des autres. Les personnages sont réalistes et nous ne faisons pas face à de valeureux héros, mais à des hommes, des hommes qui souffrent. Les enfants de seigneurs brillent de l'éclat de leurs lignées, c'est vrai, mais dans l'ombre vivent un nain hideux, un bâtard, un enfant estropié, une orpheline exilée, etc. Les lectrices auront aussi leur part de contentement, tant les personnages féminins partagent le lot des nobles chevaliers. Ici, nulle potiche, mais de véritables manipulatrices, pleines de créativité et de ruse. De redoutables ennemies.
    • Le fait le plus rare en fantasy pour le souligner de nombreuses fois. Ici, on ne trouvera ni bon chevalier, ni sorcier maléfique... Le Bien et le Mal n'existe pas. Il y a juste l'Humanité, des hommes et des femmes agissant selon leur vision du monde. Ainsi, même si l'on épprouve de l'antipathie pour certaines familles, on ne pourra pas s'empêcher d'adhérer à certaines de leurs actions, tant elles sont légitimes. Les personnages évoluent, on en apprend petit à petit sur eux et on peut s'étonner à soudain apprécier quelqu'un que l'on détestait jusque là. Ce qui différencie vraiment chacun des protagonistes, c'est sa capacité de survie dans un monde difficile, pas une simple catégorisation de "gentil" ou de "méchant".
    • Cette survie, justement, parlons-en. Il s'agit de l'enjeu fondamental. On ne trouvera ici aucun héros unique au coeur valeureux qui délivrera le monde car tel est son destin. C'est là tout le talent de l'auteur, qui sait jouer sur la corde des émotions, jusqu'à toucher les nerfs de son lecteur. En effet, il n'hésitera pas à réserver un destin tout aussi brutal que funeste à n'importe lequel de ses personnages. Point de Frodon donc, ni d'Aragorn ou de Gandalf que l'on pourra suivre des milliers de pages durant. Enfants ou adultes, petites gens ou rois... Tous doivent faire face à la mort... Au point que certains chapitres en deviennent véritablement douloureux... Le suspense devient ainsi réel et augmente énormément le plaisir de lecture.
    • Les mystères, les résurgences du passé qui motivent les actions présentent... Tant de théories peuvent être échaffaudées dans notre imaginaire de lecteur... Mais combien se révéleront correctes ? Un plaisir de lecture véritable.
    • L'oeuvre a un ton véritablement adulte. On y tue tout âge et à tout âge. L’histoire est jalonnée de mariages arrangés et sinistres, d'inceste, de torture, de trahison, de cruauté... Les descriptions sont claires, sans rien cacher et l’humour féroce.
    • La mise en scène est quasi cinématographique. L'habitude que l'auteur a pour la télévision et le cinéma se voit, aussi bien dans la construction du récit que dans la description des lieux, événements, batailles...
    Tous ces aspects font du Trône de Fer une véritable perle du roman.

    Image : Joute du Tournoi de la Main (Par
    Amok)

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  • Bastien Balthasar Bux est un petit garçon de dix ans. Il est gros, timide, pas particulièrement beau, certainement pas courageux, il ne brille pas à l’école et est très souvent martyrisé par les autres enfants… Son père étant distant depuis la mort de sa mère, il trouve refuge dans ses rêves, forgés au gré des livres qu’il avale par dizaines… Un matin qu’il est poursuivi par une bande de gamins, il trouve refuge dans une librairie tenue par un vieil homme acariâtre, Karl Konrad Koreander, qui n’aime visiblement pas les enfants… Ce dernier éloigné par un coup de téléphone, Bastien fait quelque chose dont il ne se serait jamais cru capable… Il vole le livre que le libraire lisait, avant de s’enfuir en courant. Mais, tout froussard qu’il est, il devient malade à l’idée d’arriver en retard en cours… Il se réfugie donc dans un grenier froid et poussiéreux avant de s'y créer un petit nid douillet afin de profiter de la lecture de ce livre qui l’a tant attiré… L’Histoire sans fin…

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    Mais quant à savoir ce dont traite ce livre, « cela est une autre histoire, qui sera contée une autre fois. »

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    Ce roman allemand publié en 1979 sous le titre original de Die Unendliche Geschichte par Michael Ende est un véritable enchantement. Dans ce monde matérialiste et tellement réaliste dans lequel nous vivons, cet ouvrage fait office de plaidoyer pour le droit de tout un chacun au rêve, à l’imagination, à la fantaisie… Il n’est de plus belle trace écrite de ce dont est capable un esprit humain. Le Pays fantastique et tous ses habitants invitent tous à l’imaginaire et donne une réelle envie de plonger à son tour sur ces terres de fantaisies. Et derrière ces particularités, il reste un bijou romanesque contant le voyage initiatique d’un jeune héros, dans la plus pure tradition du genre.

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    Phénomène mondial, le livre a été traduit dans vingt-sept langues. Plusieurs films et une série animée en furent tirés. Pour la petite anecdote, le talent d’écriture de l’auteur est tel qu’il s’amusa à écrire l’oeuvre en 26 chapitres, et cela de manière tout à fait naturelle, chaque chapitre commençant par la lettre de l’alphabet associée à son numéro…

     

    Image : L'Histoire sans Fin à la couverture ornée du symbole de l'Auryn.


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  • Qu'est-ce que le Disque-Monde, allez-vous me dire ? Et bien c'est fort simple. Il s'agit d'un cycle romanesque d'heroïc-fantasy totalement décalé. Par bien des aspects, il rappelle les univers connus comme la Terre du Milieu ou les Royaumes Oubliés, avec, au détours d'un chemin, elfes, nains et autres trolls. Et pourtant... Le Disque-Monde est totalement irrationnel, à mille lieues de ce que l'on pourrait imaginer. Il va même au-delà des aventures comiques dans des univers fantasy (Le Donjon de Naheulbeuk ou Reflet d'Acide). C'est un pur plaisir de lecture, à ne surtout pas rater. Et pour vous en convaincre, voici un extrait du premier livre, La huitième couleur.


    "Dans un ensemble lointain de dimensions récupérées à la casse, dans un plan astral nullement conçu pour planer, les tourbillons de brumes stellaires frémissent et s'écartent...

    Voyez...

    La tortue la Grande A'Tuin apparaît, elle fend d'une brasse paresseuse l'abîme interstellaire, ses membres pesants recouverts d'un givre d'hydrogène, son antique et immense carapace criblée de cratères météoritiques. De ses yeux vastes comme des océans, encroutés de chassie et de poussière d'astéroïdes, Elle fixe le But Ultime.

    Dans son cerveau plus grand qu'une ville, avec une lenteur géologique, Elle ne songe qu'au Fardeau.

    Une bonne partie du Fardeau est évidemment due à Bérilia, Tubul, Ti-Phon l'Immense et Jérakine, les quatre éléphants géants dont les larges épaules bronzées par les étoiles soutiennent le disque du Monde que la longue cataracte enguirlande sur son vaste pourtour et que surplombe le dôme bleu layette des Cieux.

    L'astropsychologie n'est toujours pas parvenue à établir à quoi ils pensent.

    L'existence de la Grande Tortue restait du domaine de l'hypothèse jusqu'au jour où Krull, un petit royaume cachottier dont les montagnes les plus proches du Bord saillant au-dessus de la Grande Cataracte, conçut un système de portique et de poulie à la pointe de son rocher le plus à pic et fit descendre plusieurs observateurs par-dessus le Rebord dans un vaisseau de cuivre aux hublots de quartz afin qu'ils regardent par-delà les voiles de brume.

    Une fois remontés au bout de leur long pendoir par d'immenses équipes d'esclaves, les premiers astrozoologistes furent en mesure de fournir maints renseignements sur la conformation et la nature d'A'Tuin et des éléphants, mais qui ne répondaient pourtant pas aux interrogations fondamentales sur la nature et le but de l'Univers.

    Par exemple, quel était le sexe d'A'Tuin ? Cette question vitale, affirmaient les zoologistes avec une autorité croissante, resterait sans réponse tant qu'on aurait pas construit un portique plus grand et plus puissant permettant de lâcher un vaisseau dans l'espace profond. En attendant, ils ne pouvaient qu'émettre des conjectures sur le cosmos révélé.

    Par exemple, une théorie avançait qu'A'Tuin venait de nulle part pour se rendre nulle part, indéfiniment, d'une brasse uniforme, ou reptation continue. Une théorie populaire chez les universitaires.

    Une autre, qui avait la faveur de la religion, voulait qu'A'Tuin se déplace de Son Lieu de Naissance vers l'Heure du Frai, à l'image de toutes les étoiles du ciel, elles aussi manifestement transportées à dos de tortues géantes. A l'arrivée, elles s'accoupleraient dans une étreinte brève et passionnée, une seule et unique fois, et de cette union fougueuse naîtraient de nouvelles tortues qui véhiculeraient une nouvelle série de mondes. On connaissait cette hypothèse sous le nom de théorie du Big Bang, ou de la Grande Secousse.

    Voilà comment un jeune cosmochélonologiste de la faction de la Reptation Continue, alors qu'il testait un nouveau téléscope grâce auquel il espérait mesurer l'albédo précis de l'oeil droit de la Grande A'Tuin, fut en cette soirée mémorable le premier observateur extérieur à voir, dans la direction du Moyeu, s'élever la fumée de l'embrasement qui ravageait la plus ancienne cité du monde.

    Plus tard le même soir, absorbés par ses études, il avait déjà tout oublié de l'événement. Ce fut pourtant lui le premier.

    Il y en eut d'autres..."

     

    Voilà, en espérant que ce petit avant-goût vous donne envie de poursuivre l'exploration de ce fascinant monde avec lequel on va de surprise en surprise.

    Image : Vue du Disque-Monde depuis l'Espace.


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